La Maison Trudel-Drapeau n’est pas la plus vieille de Rimouski

©Adeline Mantyk - Le Laurentien

La Ville de Rimouski avait invité le professeur de l'UQAR, Dominique Arseneault, à présenter les résultats de son analyse dendrochronologique.

La Ville de Rimouski a mandaté un expert en analyse dendrochronologique, le professeur à l’Université du Québec à Rimouski, Dominique Arseneault, afin de dater scientifiquement par le bois l’époque de construction de la maison, qui n’est pas, selon les résultats, la plus vieille de Rimouski.

Le chercheur et son équipe ont pris plusieurs carottes de plusieurs poutres de la maison et ont analysé les échantillons en laboratoire. « Une première partie de la maison a été datée des années 1832-1833, et une seconde partie, plus récente, des années 1869-1871. » M. Arsenault ajoute que ce type d’analyse se pratique depuis longtemps et est très fiable. « Selon la fluctuation des anneaux de croissance sur les arbres coupés, on est en mesure de déterminer quand un arbre a été coupé. » Ces analyses utilisent la datation de centaines d’arbres provenant de la région, de 1491 à 2001, comme cadre de référence. Les carottes ont été prélevées sur de grosses poutres de cèdre du sous-sol de la maison, sise au 265, rue Évêché ouest.

Cette analyse a eu lieu alors que la Ville de Rimouski avait été mise en cause dans un reportage de Radio-Canada datant du 5 septembre : « Les propos étaient durs sur le comportement de la Ville au sujet de cette maison, il y avait une référence à une certaine négligence de la part de la Ville. La Société rimouskoise du patrimoine (SRP) y prétendait que la résidence, un ancien manoir du Seigneur Lepage datant de 1754, devait être citée comme patrimoniale sans plus tarder, et qu’il s’agissait de la plus vieille maison de Rimouski. »

La Maison Trudel-Drapeau se trouve sur la rue de l'Évêché Ouest, à Rimouski, est actuellement en rénovations..

Le maire affirme que la question patrimoniale pour le Conseil municipal, est importante, et que c’est pour cette raison que la Ville s’est davantage penchée sur son cas : « Si on se retrouve face à la plus vieille maison de Rimouski, on prendra nos responsabilités, mais on ne peut pas se lancer tête baissée. En mai 2018, la SRP a fait une nouvelle demande pour citer cette maison comme immeuble patrimonial, malgré cette cote moyenne. Les recherches effectuées par Alain Ross, entre autres, portaient à croire qu’il s’agissait de ce fameux manoir de 1754. En septembre, la Ville a demandé une nouvelle évaluation de la maison. À cette deuxième demande, la cote était encore une fois moyenne. En juin 2019, le Comité consultatif en urbanisme de la Ville a recommandé une étude dendrochronologique pour une datation scientifique du bâtiment. »

Dominique Arseneault, Marc Parent et la directrice du service d'urbanisme à la Ville, Anne Barrette.

Cote moyenne

Le maire a expliqué que la Ville de Rimouski se basait sur la classification de la Société rimouskoise du patrimoine afin d’appliquer sa réglementation, et que, par deux fois, la SRP avait classé cette demeure sous la cote « moyenne ». « Cette cote est au bas de l’échelle. Il y a cinq cotes, faible, moyenne, supérieure, exceptionnelle et incontournable, et notre réglementation commence à la cote supérieure. Il y a 700 bâtiments dans la Ville qui ont cette valeur patrimoniale moyenne, 40 bâtiments construits entre 1800 et 1850. Seulement 6 immeubles ont été cités patrimoniaux, et deux édifices, la Maison Lamontagne et Gauvreau ont une classification du gouvernement québécois. »

Le maire précise que néanmoins, sur recommandations des services d’urbanisme, la Ville a accordé 40 000 $ pour accompagner les nouveaux propriétaires de la maison dans leur processus de rénovations : « Sous la cote moyenne, il n’y a pas d’accompagnement pour de travaux de rénovations de la Ville, et il y avait des prétentions qui n’ont pas été validées. Mais on a quand même mandaté des experts conseils qui ont pu cheminer avec les propriétaires. Et aujourd’hui, si on va sur le site internet de la SRP, elle est identifiée comme étant une ancienne écurie, sous la cote moyenne. »