Culture
Retour08 novembre 2019
Lancement de la biographie de Jules-A.Brillant : « J’ai redécouvert mon père »
©Adeline Mantyk - Le Laurentien
Paul Larocque et Richard Saindon, en compagnie de la fille cadette de Jules-A. Brillant, Suzanne Brillant-Fluehler.
Les historiens rimouskois Paul Larocque et Richard Saindon viennent de lancer une biographie de Jules-A.Brillant, personnalité majeure du développement de Rimouski au début du 20e siècle. La fille cadette de l’homme d’affaires rimouskois, Suzanne Brillant, confie y avoir reconnu et redécouvert son père.
Mme Brillant s’est trouvée fort émue de voir que le livre, « Jules-A. Brillant. Bâtisseur d’empires », lui avait été dédié. En entrevue avec le journal L’Avantage à l’issue du lancement du livre, celle-ci s’est dite heureuse qu’enfin un livre portant sur son père ait pu voir le jour : « Je l’ai reconnu et je l’ai redécouvert. J’étais toute petite quand il a commencé ses affaires, ensuite je suis partie au pensionnat à l’âge de 12 ans, je suis revenue à l’université et je me suis mariée, on a alors un peu l’impression qu’on perd nos parents… J’y ai aussi découvert ma maman naturelle, que je n’ai pas connue, car elle est décédée quand j’avais 13 mois », a-t-elle confié. « C’est un livre magnifique. Si vous saviez comme ça fait longtemps que la famille attend une biographie de papa ! Quand les écrivains sont venus me rencontrer, j’étais tellement contente, j’appréciais la façon dont ils regardaient la possibilité d’écrire sur mon père. Il y a tout de suite eu quelque chose entre nous. On a communiqué plusieurs fois, ils m’ont montré fait lire le manuscrit il y a un an. »
Quatre ans de travail
Les deux écrivains ont mis quatre ans pour élaborer le livre. « Ce sont quatre années de travail soutenu pour dépouiller le fonds d’archives de M. Brillant (de 24 mètres linéaires d'envergure) et une année de rédaction. On a lu des centaines de lettres de M. Brillant, que ses secrétaires avaient minutieusement conservées de 1922 à sa mort (en 1973). C’est ce qui fait la richesse du fonds. Ce sont des lettres à des parents, amis, et même dans les lettres d’affaires, se trouvent des choses de sa vie privée, de son enfance. On y a trouvé de petites bribes pour construire l’histoire, c’est pour ça que ça nous a pris du temps, car on a décidé de tout lire. »
Les deux historiens ont conçu le texte comme une histoire racontée et mise en contexte, en conservant ses citations dans les deux langues, anglaise et française, car M. Brillant faisait affaire avec les États-Unis et le Canada anglais. L’ouvrage permet de découvrir l’ascension fulgurante de cet humble commis de banque devenu grand bâtisseur du Québec moderne. « Nous lançons sa biographie avec un sentiment de satisfaction et un peu de nostalgie, c’est un thème majeur de notre histoire régionale », d’exprimer M. Laroque.
©Adeline Mantyk - Le Laurentien
Paul Larocque et Richard Saindon, en compagnie de Nive Voisine (au micro), auteur d'un mémoire de maîtrise sur Jules-A. Brillant en 1968, qui a guidé la démarche des deux auteurs.
©Adeline Mantyk - Le Laurentien
Richard Saindon lors du lancement du livre, au Salon du livre de Rimouski hier (jeudi).
Et c’est un écrivain plein d’émotions qui a lancé le livre, hier, en marge du démarrage du Salon du livre de Rimouski : « Ça fait drôle d’être ici devant vous, car on a travaillé en vase clos pendant quatre ans. Personnellement, j’ai eu à écrire la fin de l’histoire, son décès. J'étais assez ému quand j’ai fini de taper les dernières phrases, je le suis encore aujourd’hui », de déclarer M. Saindon.
Grand bâtisseur
On y apprend comment M. Brillant a contrôlé les principaux secteurs économiques du Bas-Saint-Laurent. Ses intérêts s’étendaient de Québec à la Gaspésie et la Côte-Nord et on lui doit la création de l’école de génie maritime, aujourd’hui Institut maritime du Québec, l’essor des médias dans l’Est du Québec.
Ses deux entreprises, la Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent et Québec-Téléphone, l’ont placé à la tête d’un empire industriel et financier, comme le raconte M. Larocque : « Au 20e siècle c’est le nom qui surgit le plus souvent. Les entreprises qu’il a créées ne sont pas seulement à Rimouski, mais s’étendent. La compagnie de téléphone allait jusqu’à Trois-Rivières. Il a touché a tout, transport maritime, électricité, téléphone. La radio, CJBR, c’est « Jules Brilllant Rimouski ». Il a créé un petit empire. Et en même temps, il était l’organisateur politique de toute une région, de Kamouraska à Gaspé et la Côte-Nord. Il était très influent, il disait que la politique, c’était bon pour les affaires. »
M. Larocque estime que l’homme d’affaires n’a sans doute pas suffisamment été mis en lumière : « Par exemple, on aurait plus donner son nom à une rue un peu plus importante. Les gens se rappellent peu du personnage, il a été trop vite oublié. Les personnes de moins de 40 ans ne le connaissent pas ou peu, alors on espère le faire connaitre avec ce livre. » Il souligne que l’hommage à M. Brillant se poursuivra en 2021, puisque le Musée régional prépare une exposition sur l’homme d’affaires.
Une biographie rare
La maison d’édition du livre, Septentrion, indique de son côté qu'il s'agit d'une publication à ne pas manquer dans la mesure où les biographies de gens d’affaires du Québec francophone avant la Révolution tranquille sont très rares. « On a un peu l’impression qu’avant 1960, c’étaient seulement les Anglais qui faisaient des affaires, et que ça a commencé avec les Péladeau et Desmarais, mais ce n’est pas vrai. Donc quand les deux auteurs sont arrivés pour nous dire qu’ils écrivaient sur Jules-A. Brillant, on a tout de suite dit oui. C'est une figure majeure de l’Est, et cette biographie permet de mieux comprendre que dès le début du 20e siècle, il y avait des hommes d’affaires dynamiques chez les Canadiens français, des gens comme lui qui ont fait une grande différence », affirme Alex Tremblay-Lamarche, éditeur associé chez Septentrion.
Paul Larocque est détenteur d'un doctorat en histoire de l'Université Concordia. Il a enseigné de 1970 à 2003 à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR). Il est auteur et coauteur de plusieurs ouvrages en histoire et a notamment codirigé pendant une vingtaine d'années la Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, aujourd'hui L'Estuaire.
Richard Saindon est bachelier en histoire de l'UQAR. Il a mené pendant 36 ans une carrière de journaliste à la radio et télévision de Radio-Canada au Bas-Saint-Laurent. Il a écrit et coécrit plusieurs livres portant sur l'histoire de Rimouski et de la région. Le précédent, "Chronique du Bas-Saint-Laurent. 1535-2017" (Les éditions Septentrion), a été vendu à 1 525 exemplaires.
Commentaires
9 novembre 2019
Rejean Fortin
Je possède une propriété sur la Rue Jules A.- Brillant ( Immeubles de 23 logement ) et j,en suis très fier car je suis originaire de St-Octave de Métis et apparait très bien dans le livre du Centenaire de cette paroisse . Beaucoup de grands hommes ont émanés de cette paroisse dont les quatres descendants des notaires Gagnon , dont Monsieur Brillant etait amis !!!
10 novembre 2019
Richard Paré
Félicitations