Elsie Reford, la femme qui plantait des fleurs

Même ceux qui n’ont jamais visité la région du Bas-Saint-Laurent connaissent l’existence des Jardins de Métis. Mais que savons-nous de la fondatrice de ce paradis de fleurs situé au confluent de la rivière Mitis et du fleuve Saint-Laurent sur une terre pauvre et un sol argileux ? Elsie Reford aurait fêté ses 150 ans en 2022 et, pour l’occasion, Alexander Reford a immortalisé l’histoire d’une vie de passion. Au-delà de la beauté des lieux, fouler les sentiers au cœur des différents jardins est un rendez-vous assuré entre le parcours d’une famille, la détermination et l’audace d’une femme auquel s’ajoute le plaisir olfactif.

Deux millions de visiteurs depuis 1995

Il aura fallu trente années à Elsie Reford, en investissant temps et argent, pour créer de toute pièce son paradis floral devenu, depuis son ouverture en 1962, un lieu unique couru par les gens d’ici et d’ailleurs. La grande Dame troquait des feuilles auprès des fermiers contre du saumon frais pour concevoir un terreau spécial qui échappait aux jardiniers d’expérience. « Elsie Reford a triomphé, réussissant à transplanter, à adapter au climat québécois et même à propager des espèces rares telles que les azalées et les pavots bleus », révèle Alexander dans son ouvrage.

Tout au bout de la pointe du site enchanteur se dresse la Villa Estevan, une immense construction de bois qui occupe un promontoire devant le fleuve. Le domaine compte plus de 40 hectares à partir du camp de pêche de la famille Stephen (fondatrice du Canadian Pacifique). Elsie en fait un magnifique paradis fleuri.

À la rencontre d’Elsie Reford nous raconte des éléments jusqu’ici ignorés tels que : « Elsie Reford a dû surmonter de nombreuses difficultés durant la réalisation de son projet. Elle a souffert d’allergies qui l’ont parfois forcée à demeurer alitée pendant plusieurs jours. »

Histoire et élégance

Sous la plume généreuse de l’auteur, l’histoire de la famille Reford est présentée avec délicatesse et respect, imagée de fleurs emblématiques, telles que le pavot bleu, les lis, les pivoines et les primevères, entre autres. Une passion tardive pour Elsie qui se lance dans le jardinage à l’âge de 54 ans à la suite d’une opération. C’est en 1926 qu’elle doit abandonner la pêche au saumon, sa première passion, pour s’adonner à des activités moins dangereuses comme la lecture et le jardinage. C’est à ce moment qu’elle entreprend la construction de ses jardins.

Délicatement illustré par les magnifiques photos de Louise Tanguay, cet ouvrage est un incontournable pour qui s’intéresse à l’histoire, à l’horticulture ou simplement à la beauté de l’art naturel.

« Ce livre porte donc avant tout sur son œuvre horticole et sa passion des plantes. Il montre aussi, par le portrait de sa vie et de son époque, ce qui fit d’elle une femme aux multiples passions et une fervente jardinière. Cette déclaration d’amour au monde horticole, je suis heureux de la partager avec vous », déclare l’auteur.

Les jardins d’Elsie Reford demeurent un héritage unique et enivrant pour lequel il sera bon de célébrer en 2026 cent ans d’existence.