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Retour28 août 2023
Véronique Bossé - vbosse@medialo.ca
La vie sur un bateau quand on est une femme

©Photo : gracieuseté
De gauche à droite : Jenny Verville (4e mécanicienne), Angie Bélanger (aide-mécanicienne), Mélissandre Chartier-Plante (Senior mécanicienne) et Abigail Lachance (chef mécanicienne) sur le NGCC Amundsen au chantier naval de Port Weller au printemps 2022.
L’étudiante qui a terminé sa première année du programme de Techniques de génie mécanique de marine de l’Institut maritime du Québec (IMQ), Angie Bélanger, a récemment reçu le prix compétence-réseau du concours Chapeau, les filles! et son volet Excelle Science qui soulignent le travail des femmes qui étudient dans une discipline dont le domaine est à prédominance masculine.
Le programme de Techniques de génie mécanique de marine se donne sur quatre ans et permet aux étudiants inscrits de devenir « des personnes à tout faire sur un bateau », selon Angie Bélanger.
Le travail se fait surtout autour de la mécanique diesel, mais sur un navire il faut aussi s’occuper de l’eau potable, des eaux usées, du système de réfrigération, faire la gestion des hydrocarbures et de l’électricité. Comme on n’est pas près de la terre ferme, il faut savoir se débrouiller et être capable de machiner des outils, des pièces, de créer des choses pour nous dépanner et c’est ce qui m’intéresse beaucoup là-dedans, la débrouillardise. »
Un virage à 180 degrés
Originaire de Rimouski, Angie Bélanger réside à Montréal depuis qu’elle a 12 ans. Elle y a fait son secondaire et son Cégep. Avant d’entreprendre ses études à l’IMQ, elle s’orientait vers une carrière bien différente en commençant un baccalauréat en science politique et philosophie.
« C’étaient des domaines qui m’intéressaient, mais les perspectives d’avenir étaient moins intéressantes. J’ai découvert le domaine maritime et je me vois travailler là-dedans longtemps. C’est un milieu qui permet une certaine flexibilité d’horaire. C’est stimulant et il y a toujours quelque chose de nouveau : une nouvelle machinerie ou un nouveau type de problème à résoudre. J’aime aussi ne pas savoir où je serai dans 10 ans, dans 20 ans ou même dans trois semaines. »
Des stéréotypes très ancrés
En stage sur un bateau au moment de l’entrevue, Angie rapportait avoir été agréablement surprise par l’équipage, uniquement composée d’hommes. Elle est toutefois consciente des difficultés auxquelles sont confrontées les femmes qui évoluent dans un milieu d’hommes.
« Il arrive que les gens soient stressés de voir une femme parce qu’ils ont tendance à croire qu’on veut faire des vagues ou changer leurs façons de faire, alors que non. On veut juste faire notre travail. »
Elle ajoute qu’elle est parfois confrontée à des questions ou des commentaires qui démontrent qu’il y a encore du travail à faire pour briser les stéréotypes qui subsistent.
« Sur chaque bateau les gens me demandent ce que je vais faire quand j’aurai une famille. Ils ne me demandent pas si j’en veux une, ils tiennent pour acquis que je veux tout plein d’enfants. Ils vont donc s’inquiéter pour des enfants qui ne sont pas nés alors que les hommes qui ont une famille et qui travaillent sur le bateau ne se font questionner par personne. »
« Il y en a d’autres qui vont me dire que je ne resterai pas longtemps et que ça ne vaut pas la peine de m’enseigner des choses, sous prétexte que toutes les femmes s’en vont de toute façon. Je pense que c’est important de se questionner là-dessus. Est-ce que quitter est intrinsèque aux femmes, ou bien c’est l’accueil qu’on leur réserve qui les pousse à s’en aller ? »
Faire son chemin et se respecter
Malgré les accrocs qui peuvent survenir et les pressions supplémentaires avec lesquelles doivent composer les femmes, Angie explique que tout ne va pas toujours mal.
« Une fois dans le milieu, tu es confrontée à des choses qui te rappellent que tu es une femme dans un domaine majoritairement masculin. Il y a des jours où on le ressent plus et des jours où on pourrait presque l’oublier. Ça fait du bien et ça aide à continuer, mais je mentirais si je disais que c’est toujours facile. »
Elle est aussi consciente de l’énergie requise pour éduquer les personnes qui ont des préjugés à l’égard des femmes et de l’importance de savoir se respecter dans tout ça.
La curiosité comme élément essentiel
Angie conclut sur le fait que son domaine d’études est accessible à tout ceux et celles qui sont curieux.
« Ça prend une certaine curiosité. Le reste, ça s’apprend. Il faut aussi avoir le goût de vivre une vie pas trop routinière. Ce qui est bien, sur les bateaux, c’est qu’il y a des gens de tous les styles de vie et de différentes écoles de pensées qui se mélangent. Il y a de la place pour tout le monde, parce que tout le monde est un peu marginal à sa façon. Je ne pense pas qu’il y a un profil type, si l’intérêt est là, il va motiver les actions et tout va suivre. »
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